À Fontaine-les-Vervins dans le nord de l’Aisne, Alexis Demeestere perpétue une tradition familiale héritée de ses parents : éleveur de brebis Texel. Depuis trois ans, son troupeau a l’estampille Label rouge tendre agneau. Pour ce berger, seule la passion motive ses choix.
La passion en héritage
En cette fin avril, Alexis Demeestere a les traits tirés. Et on ne peut l’en blâmer. Il y a peu en effet s’est achevée pour lui la très éprouvante période d’agnelage. Une course de fond de quarante-cinq jours durant laquelle l’éleveur et son frère aîné Stéphane, avec qui il est associé, ne ferment quasiment pas l’œil du jour et de la nuit. Au retour du printemps sur les hauteurs de Fontaine-les-Vervins, charmant village qui sommeille à trente-cinq kilomètres à l’est de Saint-Quentin, il n’y a pas que les pâquerettes qui éclosent.
Chaque jour, entre quinze et vingt adorables agneaux font leurs premiers pas hésitants dans la bergerie. Dix jours plus tard, ils sautilleront dans les herbages. « J’ai beau y assister tous les ans, ça reste un spectacle unique que je ne manquerais pour rien au monde » admet Alexis qui a un amour immodéré pour son troupeau. Et ça, depuis toujours. « Je le dois certainement à ma mère Cécile. C’est elle qui a décidé d’acheter nos premiers moutons », raconte-t-il. Nous sommes à la fin des années 60. La ferme familiale compte aussi quelques charolaises allaitantes et une centaine d’hectares de céréales. Un demi-siècle plus tard, tout a changé. A commencer par les agneaux aujourd’hui estampillés Label rouge.
Calendrier aux petits oignons
Et si on commençait par le début du début ? Soit avant les naissances. En octobre précisément. Quand les futures mères tout juste inséminées[1] se régalent de crucifères, légumineuses et autres graminées. Comme le rappelle Alexis, ces plantes comme le trèfle, le tournesol, le seigle ou la vesce commune « ne font pas que capter le carbone ou enrichir le sol. Elles complètent le menu des brebis principalement constitué d’herbage sain. » A ce régime alimentaire quatre étoiles s’ajoutent des conditions de vie idylliques. Les cinq-cents brebis du Gaec du Vieux-Moulin disposent d’une aire de restauration de plus de cent hectares situés loin des grands axes routiers, donc de toute pollution auditive et olfactive. Mais il y a mieux. Fin janvier, soit grosso modo à un mois de la mise bas, pour adapter au mieux son alimentation, chaque brebis passera une échographie. « Une brebis n’a pas les mêmes besoins selon qu’elle porte un ou trois agneaux, souligne A. Demeestere. Réguler ses apports caloriques c’est aussi contribuer à son bien-être et anticiper celui du ou des petits. »
La boucle est définitivement bouclée au printemps. Nourris sous leur mère, les près de mille agneaux seront bichonnés par leur berger préféré. Alexis sait qu’il n’en aura jamais vraiment fini de ces journées à rallonge. Mais qu’importe. Sa présence dans les vastes pâtures de Thiérache n’est pas un sacerdoce mais une sacrée « bêle »bénédiction.
(1) La période de reproduction – aussi appelée la lutte – laisse place à 145 jours de gestation.
Texte : Joffrey Levalleux
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