Sur les hauteurs de Crouttes-sur-Marne (Aisne), Charlotte et Jérôme Bourgeois veillent sur leurs sept hectares de vigne certifiés bio. Rencontre avec deux pétillants viticulteurs qui récoltent les fruits de leur passion.
En pressant au maximum, la production de champagne bio atteint péniblement les 3 %. Soit, grosso modo, 1 000 hectares de vigne sur 34 000. Une goutte au fond de la coupe. Pour Charlotte et Jérôme Bourgeois, c’est l’inverse. « La biodynamie c’est toute notre vie. On a le sentiment de redevenir vigneron-agronome, d’être en phase avec nos convictions, avec la nature. Ça a demandé pas mal de sacrifices, de faire une croix sur la nostalgie, de se délester du poids des traditions aussi. »
Issu d’une famille de viticulteurs installée depuis quatre générations à Crouttes-sur-Marne (15 km au sud-ouest de Château-Thierry), Jérôme a d’abord dû convaincre les siens du bien-fondé de sa démarche. Commencée en 2009, la conversion en bio s’est achevée… six ans plus tard. « Ça peut paraître une éternité mais la vigne est un métier de patience » souligne Jérôme.
Rappelant que le vin récolté en 2020 sera bu au minimum en 2023. Aujourd’hui, ses sept « nectars » de vigne donnent quarante-mille bouteilles dont 40 % partent à l’export.
Le champagne : un produit sans équivalent
A 43 ans pour lui, 35 pour elle, nos deux vignerons sont des jeunots dont le regard se met immédiatement à pétiller quand ils parlent champagne. « C’est un métier complet sans temps mort. Un métier très valorisant car on a la chance de récolter le fruit de notre travail, de pouvoir influer sur le produit final. Il y a un côté artistique, technique aussi. Pas d’intrant veut dire plus de surveillance, de présence sur le terrain », expliquent-ils sans se lamenter.
Même si certains indicateurs clignotent dangereusement. Menaces économiques et dérèglements climatiques en tête. « En vingt ans, on a dû avancer la date des récoltes d’une quinzaine de jours. On arrive à des degrés de maturité de 11, 12 degrés. C’est beaucoup. » Symbole du raffinement à la française, mets d’exception à l’instar de la truffe ou de la Saint-Jacques avec qui il s’accorde assez bien d’ailleurs, le champagne affronte ses peurs en solitaire car « c’est tout simplement une aubaine de fabriquer un produit associé à la fête, au partage et aux moments de joie. » Comme si le vrai luxe n’était pas d’y tremper ses lèvres mais d’imaginer celles et ceux qui allaient y tremper les leurs.
Champagne Bourgeois-Diaz, 43, Grande Rue, 02310 Crouttes-sur-Marne. Tél. : 03 23 82 18 35- www.bourgeois-diaz.com
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Nous remercions Charlotte et Jérôme Bourgeois !
Texte : J. Levalleux & Crédits photos : D. Tatin
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